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"Ce livre n'est pas la continuation de ‘Mondovino’ par d'autres moyens", rassure Jonathan Nossiter dès l'avant-propos de son tout premier essai. Le réalisateur reste pourtant bien fidèle à ses méthodes documentaires avec ce jubilatoire carnet de voyage au pays du vin, où l'Américain croque avec tendresse ou acidité, toujours avec une grande finesse, ses représentants les plus fameux. De Auchan aux petites caves bourguignonnes, des 3 étoiles parisiens aux dîners entre amis, ses rencontres servent une fois encore un document engagé dans la lutte entre terroir et marque, individualité et homogénéisation rampante. Aucun mot ne semble trop fort pour critiquer cette jungle déshumanisée où la "bombe fruitée alcoolisée" fait loi. Une fois de plus, Nossiter épingle ses têtes de Turc favorites, l'oenologue Michel Rolland ou le critique Roland Parker, ces arbitres du goût méprisés que rejoint ici Joël Robuchon et son "marketing pseudo-démocratique". Mais 'Le Goût et le pouvoir' est loin d'être un simple et inutile ersatz littéraire de 'Mondovino'. Il approfondit bien davantage la réflexion sur l'impossible démocratie du goût, sur un vin objet de snobisme, d'angoisse, de domination. Nossiter sait poser les bonnes questions, amenant d'audacieuses comparaisons avec les forces à l'oeuvre au cinéma comme en politique. Dénonçant la pensée unique qui impose aux gens ce qu'ils doivent aimer, ce précieux document s'apprécie comme un acte personnel de résistance. Quand 'Mondovino' était une tribune offerte à ceux qui "font" le vin, des producteurs aux critiques, 'Le Goût et le pouvoir' est la démarche intime d'un ancien sommelier, une véritable déclaration d'amour au terroir qui exhale le plaisir et la simplicité. Au gré de ses nombreuses digressions passionnées, de ses portraits profondément humains, l'Américain prouve dans un magistral pied de nez au "bla-bla postmoderne" du jargon oenologique que l'on peut parler modestement de ses goûts sans imposer son élitisme.
Le Goût et le pouvoir de Jonathan Nossiter
Editeur : Grasset
Publication :30/10/2007
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Don Quichotte est le nom de chevalier errant que s’est choisi un pauvre hidalgo de la Manche, nourri de tant de livres sur la chevalerie qu’il en devient fou. En janvier 2005, pour commémorer les 400 ans de la parution du roman de Cervantès, la région Castille-La Manche, d'ordinaire écartée des circuits culturels, avait organisé des centaines d'activités, dont un congrès en… moulinologie !
De grands écrivains se sont intéressés au héros de Cervantès : Jorge Luis Borges, José Saramago, Günter Grass…
Michel Foucault écrivait dans Les Mots et les choses : « Don Quichotte est la première des œuvres modernes puisqu’on y voit la raison cruelle des identités et des différences se jouer à l’infini des signes et des similitudes ; puisque le langage y rompt sa vieille parenté avec les choses, pour entrer dans cette souveraineté solitaire d’où il ne réapparaîtra, en son être abrupt, que devenu littérature ; puisque la ressemblance entre là dans un âge qui est pour elle celui de la déraison et de l’imagination. La similitude et les signes une fois dénoués, deux expériences peuvent se constituer et deux personnages apparaître
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À l’orée de ce grand roman débute « cette chasse au bonheur », source de toutes les inconséquences de « notre héros », Fabrice, mais aussi de ses plus grandes félicités. Avec ces Français qui débarquent en Lombardie en mai 1796, « c’est une masse de bonheur et de plaisir qui fait irruption ».
Le roman tout entier est placé sous le sceau de l’allégresse, le patronage souriant de l’Arioste le rappelle : « Gia mi fur dolci inviti a empir le carte i luoghi ameni. » Ironie, dérision, humour, lyrisme, rien n’est étranger à la prose stendhalienne. Les silences de l’œuvre, de ceux que l’on recherche dans les cloîtres et sous les voûtes des chartreuses italiennes, bouleversent l’âme et emportent les sens… À cette exigence d’être heureux à tout prix – même s’il faut inonder une ville toute entière ou s’en aller se recueillir au pied de son arbre, sous le coup d’une arrestation – répond un modus scribendi. Le roman célèbre avant tout le bonheur d'écrire – chez un homme qui sait l’amertume des fiascos en tous genres – le bonheur du conte qui se développe pour son propre compte.
Balzac, qui a donné ses lettres de noblesse au genre romanesque, ne s’y est pas trompé : dans la lettre qu’il adresse à Stendhal à la suite de la parution de La Chartreuse de Parme, il le nomme « le roi des romanciers du présent siècle ». Pourtant, jusqu’au début du XXe siècle, la beauté de ce roman n’est goûtée que par les happy few.Aujourd’hui, un débat agite le fan-club de Stendhal : il y aurait une ligne de démarcation, politique autant que littéraire, entre ceux qui prisent davantage Le Rouge et le Noir, les « rougistes », et les autres qui ne jurent que par La Chartreuse de Parme les « chartristes ».
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