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A lire à l'école : La Chartreuse de Parme, Stendhal
À l’orée de ce grand roman débute « cette chasse au bonheur », source de toutes les inconséquences de « notre héros », Fabrice, mais aussi de ses plus grandes félicités. Avec ces Français qui débarquent en Lombardie en mai 1796, « c’est une masse de bonheur et de plaisir qui fait irruption ».
Le roman tout entier est placé sous le sceau de l’allégresse, le patronage souriant de l’Arioste le rappelle : « Gia mi fur dolci inviti a empir le carte i luoghi ameni. » Ironie, dérision, humour, lyrisme, rien n’est étranger à la prose stendhalienne. Les silences de l’œuvre, de ceux que l’on recherche dans les cloîtres et sous les voûtes des chartreuses italiennes, bouleversent l’âme et emportent les sens… À cette exigence d’être heureux à tout prix – même s’il faut inonder une ville toute entière ou s’en aller se recueillir au pied de son arbre, sous le coup d’une arrestation – répond un modus scribendi. Le roman célèbre avant tout le bonheur d'écrire – chez un homme qui sait l’amertume des fiascos en tous genres – le bonheur du conte qui se développe pour son propre compte.
Balzac, qui a donné ses lettres de noblesse au genre romanesque, ne s’y est pas trompé : dans la lettre qu’il adresse à Stendhal à la suite de la parution de La Chartreuse de Parme, il le nomme « le roi des romanciers du présent siècle ». Pourtant, jusqu’au début du XXe siècle, la beauté de ce roman n’est goûtée que par les happy few.Aujourd’hui, un débat agite le fan-club de Stendhal : il y aurait une ligne de démarcation, politique autant que littéraire, entre ceux qui prisent davantage Le Rouge et le Noir, les « rougistes », et les autres qui ne jurent que par La Chartreuse de Parme les « chartristes ».
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